Arcane No 09 du Tarot Egyptien de Laura Tuan
A l'endroit : Justice - Intégrité - Paix - Prudence
A l'envers : Loi - Sentence - Procès - Controverse
Sens de cet Arcane : Dans le panthéon égyptien, l’ archétype de la justice s’identifie avec Anubis, le Dieu à la tête noire de chacal : c’est celui qui "reste sur sa montagne", c’est-à-dire le grand "momificateur", l`initié aux mystères préposé au rite régénérateur de l’ouverture de la bouche. Ce rite - auquel participent également les quatre fils d’Horus - consiste à réunir les quatre principes vitaux, le Kha, le Baï, le Jb et l’Akh, dispersés au moment du trépas. Le défunt méritant renait ainsi à une nouvelle vie dans l’au-delà. Dans sa main gauche, le Dieu-chacal tient une épée qui punit ; il porte sur sa tête la balance qui juge et mesure, attribuée ensuite par le christianisme à l’archange Michael, héritier symbolique d’Anubis et de Thot, également juges et guides des âmes. Anubis, comme Michael, accompagne les âmes des trépassés à travers les marais visqueux de l’au-delà, le Douat, jusqu’à la Salle du Jugement, Maaty, en présence d’Osiris, de Thot et d’au moins quarante-deux juges. Ils sont alors jugés dans leurs actions et leurs intentions, en présence de la grande Déesse Maât, la fille de Ré, souvent représentée avec une plume d’autruche sur la tête, Déesse de la vérité et de l’ordre : ces deux valeurs sont garantes de la tradition, mais également porteuses des germes de tout progrès. Sur un plateau de la balance, il y a la plume de la rigueur qui sert de contrepoids, sur l’autre plateau, au vase qui symbolise le cœur, l`Ib, c’est-à-dire l’essence, les sentiments, ainsi que les actes accomplis par le mort : le cœur est prêt, par amour de la vérité, à témoigner contre son propriétaire, au moins jusqu’à ce que le scarabée du cœur, l'amulette offerte au mort en sa défense, ne l’en empêche pas. Le cœur, le seul viscère a ne pas être extrait pendant la momification, représente donc la conscience, un être indépendant de l’homme, capable aussi bien de le guider que de le censurer. En outre, comme on peut le lire sur un sarcophage conservé au musée de Vienne, "le cœur de l’homme est son propre dieu". Si sa vie terrestre a été marquée par le sceau de la justice et de la vérité, de la régularité et de l’harmonie, dans le respect total de la loi rigoureuse de Maât, la balance reste parfaitement équilibrée et l’âme gagne le droit de monter sur la barque du Soleil, pour se diriger vers les régions heureuses de l’outre-tombe. Dans le cas contraire, il aura de sérieux ennuis parce qu`il sera attendu par les gardiens du seuil accompagnés par le terrible monstre dévoreur Amam : ce monstre, croisement terrifiant entre un crocodile, un lion et un hippopotame, est toujours représenté sur les vignettes du Livre des Morts en train de massacrer les coupables. L’âme ne doit jamais oublier que les lois de Maât, lois naturelles, cosmiques, éternelles, n’admettent aucune exception : il suffit d’une légère transgression pour qu’un destin cruel et vengeur intervienne aussitôt pour remettre le fautif dans le droit chemin.